L’enfer était annoncé pour les « Bleus » à Twickenham, mais c’est plus l’esprit pragmatique que l’esprit guerrier qui a fait la différence.  En se nourrissant des erreurs françaises et des fautes (18 points de pénalités), le quinze à la « Rose » a logiquement gagné son troisième match du Tournoi.

Le jeu anglais est sans surprise !

Les Anglais ont su occuper le terrain, notamment en seconde période et ils ont été performants dans la possession et la conservation du ballon, 9 pertes de balle dans le jeu courant (4+5). En revanche,  ils ont subi dans les phases de conquête en perdant des ballons importants en touche (3) mais surtout ils ont été bousculés en mêlée fermée, ce qui aurait dû leur coûter plus cher. On pourra noter aussi la baisse de la qualité du jeu au pied avec 13 ballons donnés à l’adversaire dont 9 en 2ème mi-temps. Ils ont maîtrisé ce match, en ce cantonnant au centre du terrain. Ils ont fait une seule incursion dans les 22m français en  première période (25’20), après plus d’une minute de temps de jeu, ils concrétisent avec une pénalité d’ Owen FARRELL (6 à 3). La domination dans le 2ème acte est plus importante, ils viennent 6 fois dans les 22m des bleus. Les lancements de jeu  après touche sont efficaces, ils avancent dans la défense française souvent en gardant le sens, ils se créent deux occasions d’essai après un jeu au pied. L’organisation défensive des joueurs à la rose est performante collectivement même s’ ils ont raté individuellement quelques placages sur l’essai de Wesley FOFANA (5). Ils ont été très solides sur la ligne d’affrontement, en revanche le jeu au pied par-dessus le premier rideau les a mis en difficultés (3’et 63’).

Côté français, on peut être déçu !

On avait tellement peur de prendre la « fessée » que les commentaires, après match ont été plutôt élogieux. Si Philippe SAINT ANDRE fait dans la subjectivité en parlant d’envie, de solidarité ou de construction d’un groupe, l’objectivité des images et des statistiques est accablante. C’est certainement le plus mauvais match du tournoi 2013 même si les oppositions étaient différentes.
L’action individuelle de Wesley FOFANA aboutissant à l’essai des Bleus est magnifique. Elle montre les qualités intrinsèques de ce joueur pour jouer , comme un centre, en duel dans les intervalles… Mais c’est la seule occasion du match, les français  sont entrés  deux autres fois dans les 22m adverses, avec pas un seul lancement de jeu.
Nous perdons beaucoup trop de ballon dans le jeu courant 16 (7+9). Le jeu au pied est trop déficient plus par la réalisation technique que par la puissance puisque nous donnons 13 ballons à l’adversaire (9+4). Au total nous avons rendu 29 ballons aux Anglais auxquels il faut ajouter les 13 pénalités, c’est beaucoup trop ! Le manque de réactivité des soutiens sur  Yannick NYANGA, sur la perte de balle qui entraîne l’essai anglais, est surprenant.
En défense nous devons presser d’avantage, moins subir dans les impacts. Louis PICAMOLES et Thierry DUSAUTOIR sont les exemples à suivre. Le jeu de conservation a suffi aux anglais, sans grand changement de rythme, pour gagner 30 ou 40m.

Nous faisons trop d’erreurs dans la gestion…

Certains résultats peuvent s’expliquer par la pression, le manque de confiance mais aussi par l’absence de joueurs «  leaders » qui font avancer le groupe. Les deux demis ont eu du mal à faire les bons choix privilégiant le jeu au pied à la continuité du jeu à la main, ainsi PARRA (36’) oubliant 5 partenaires pour conserver et avancer. L’entrée de MICHALACK amena un peu plus de vitesse mais il commit trop d’erreurs individuelles. Je regrette le peu de temps offert à MACHENAUD qui aurait pu l’appuyer. Les mauvais choix ne sont pas toujours de la responsabilité du porteur de balle, il faut communiquer. Ainsi le lancement de jeu après mêlée (19’15), la mêlée tourne ouvrant tout un côté à l’attaque française. Louis PICAMOLES ramasse, avance et garde en oubliant sa ligne de trois quart à 4 contre 2. François TRINH DUC a-t-il appelé ? Les joueurs manquent de « repères terrain », on peut être volontaire, déterminé mais lucide. On a du mal à se redistribuer, on change de sens alors qu’on est en sous nombre (32’’), on se consomme trop dans les rucks (3’).

Le plus facile à corriger ?

Sans aucun doute, c’est l’indiscipline. On ne peut pas faire autant de fautes dans nos 40 m lors d’un match de haut niveau, sachant la qualité du buteur adverse. Une fois, cela peut arriver… 4 fois, c’est un manque de respect du groupe. On peut avoir de l’envie, mais la maîtrise de chacun doit être au service du collectif et nous en aurons besoin en Irlande.

Quels sont nos points forts ?

La conquête est certainement le secteur le plus performant du XV de France. En mêlée fermée, le retour de DOMINGO est le gros point de satisfaction. En revanche il met en évidence le travail technique que DEBATTY doit encore accomplir. On doit se discipliner collectivement sur le respect des commandements  en mêlée. On peut faire très mal dans ces phases de jeu à nos prochains adversaires à Dublin. La conquête en touche a été efficace, surtout le conteste. 3 ballons récupérés sur lancers adverses contre un seul perdu. Les lancements de jeu direct après touche sont efficaces dans l’avancée, mais ils ne sont pas suffisants car les ballons portés ne présentent que peu d’intérêt puisqu’ils ne sont pas toujours arbitrer… surtout par Monsieur JOUBERT.

Faut-il être optimiste pour l’Irlande?

Oui, bien sûr. Les irlandais sont dangereux quand ils n’ont pas de pression mais leur dernière prestation commence à agacer les anciens et les supporters. Ce sont eux qui sont dans la doute. Les bases devront être solides : conquête, occupation, conservation. La défense française devra être plus serrée au niveau des trois quarts car ils sont perforants. Il faudra les provoquer en attaque car ils sont très indisciplinés en défense.  Le salut passe par le respect des principes collectifs. Oui, mais lesquels seront mis en place?

S.L