Prenons un exemple concret avec les poubelles d’eau glacée dans lesquelles plongent les rugbymen après un match. Après leur douche, certains joueurs s’appliquent de l’eau froide sur les jambes durant plusieurs minutes. Quand on leur demande l’intérêt de cette action, la réponse est toujours identique… « le froid favorise la récupération ». Mais d’où viennent ces croyances ?

On se souvient qu’à l’échelle thérapeutique il existe la chambre de « cryothérapie du corps entier » (CTCE en abrégé) qui a vu le jour au Japon au début des années 80. Elle est constituée de trois caissons. Le 1er ayant une température de -10°C à un rôle de SAS, il est mis en place pour piéger l’humidité. Le 2ème caisson est à -60°C, le patient n’y reste que quelques secondes. Le dernier caisson est le plus important, la température est de -110°C et la séance dure de deux à quatre minutes. Le but était de faire profiter à l’ensemble du corps des effets bénéfiques que le froid semblait apporter en application locale.

Rôle et intérêt de la CTCE pour le sportif

Le froid fait partie intégrante de la vie du sportif. L’image qui illustre cette relation entre le Sportif et le Froid, est l’intervention du soigneur sur le terrain avec sa « bombe magique de froid ». La découverte des vertus antalgiques du froid remonterait même à l’antiquité. Le professeur YAMAUCHI n’aurait rien inventé, il préconise seulement un refroidissement du corps entier plutôt que de multiplier les opérations de refroidissement de chaque articulation douloureuse.

La cryothérapie est utilisée dans le nord de l’Europe pour le traitement des maladies rhumatismales inflammatoires et dégénératives. Elle est également préconisée dans des protocoles de soins complémentaires de maladies neurologiques (sclérose en plaque), et dans la rééducation et la ré-athlétisation des sportifs. Cependant, la cryothérapie peut engendrer des problèmes pour les personnes ayant des soucis cardiaques ou de circulation.

L'INSEP utilise le froid dans la préparation des athlètes

La durée des séances varient de deux à quatre minutes en fonction des personnes. Ce temps permet d’écarter les risques dus à l’inspiration d’air froid, la respiration doit être contrôlée en diminuant le volume inspiré et en maintenant une expiration normale. La cryothérapie n’est pas considérée comme un dopage par le froid, mais plutôt comme un outil de prise en charge thérapeutique ainsi qu’un moyen d’améliorer la récupération des sportifs. De nombreux sportifs ont eu recours à la cryothérapie lors de leur rééducation au CERS. Les kinés et les médecins apprécient les vertus antalgiques et anti-inflammatoires de la méthode. Les sportifs ayant pratiqués ces séances, parlent d’un « coup de fouet » à la sortie du caisson. Cette utilisation du froid permet de stimuler la circulation sanguine, puis entraîne un relâchement musculaire qui permet d’améliorer la nuit et donc la récupération. Lors des premières séances, les sensations ressenties par les sportifs sont plutôt négatives dues à une certaine appréhension ; puis les effets positifs prennent rapidement le dessus.

 

Les Bienfaits du froid sur le corps

Le froid intense ouvre donc de nouvelles pistes thérapeutiques. Le triple mécanisme des propriétés analgésiques de la glace est maintenant bien connu.

  • Le froid ralentit l’acheminement des messages nerveux à l’origine de la douleur.
  • Il excite les récepteurs nerveux différents de ceux de la douleur.
  • Phénomène de « contre-irritation », le cerveau ne peut pas enregistrer toutes les douleurs, c’est la sensation de froid qui l’emporte.

L’effet anti-inflammatoire du froid s’explique par une vasoconstriction des vaisseaux sanguins (réduction du diamètre des vaisseaux), et empêche les substances inflammatoires d’atteindre la zone meurtrie. Privée de ces substances, l’inflammation ne progresse plus. La méthode pourrait même renforcer le système immunitairet voire accélérer le processus de guérison.

La tension à froid laisserait place à un parfait relâchement à l’issue de la séance. Cet état musculaire est propice à une séance de mobilisation. Le froid est utilisé comme moyen de récupération, en effet plus un muscle est relâché, mieux il est irrigué et plus facile sera l’élimination des déchets métaboliques produits par l’effort.

Des chercheurs vont même plus loin en essayant de trouver un lien entre le CTCE et une amélioration de la performance. En clair, on se refroidit pour mieux s’échauffer. L’échauffement progressif des masses musculaires profondes n’est pas incompatible avec une séance de cryothérapie. Lors d’un travail, l’organisme produit de la chaleur et doit l’évacuer. Le refroidissement superficiel de l’organisme permettrait de retarder une éventuelle dérive de la température. Des chercheurs allemands mettent en avant le fait que le froid entraîne un ralentissement de la fréquence des battements du coeur avec une diminution de sept pulsations par minute. Cet écart est maintenu à l’effort. Le nombre relativement restreint d’athlètes ayant participé à l’étude appelle à la prudence, toutefois il se pourrait que le froid interagisse plus profondément qu’on ne le peut avec notre métabolisme intime.

Des sportifs préparés par le froid
La chambre froide Système D

Le froid a toujours fait partie du sport. La méthode GREC (Glaçage, Repos, Extension, Compression), est toujours préconisée lors des rencontres sportives. Quand un joueur doit sortir du terrain de manière prématurée, reçoit un coup ou se blesse, nous sommes témoin de cette méthode GREC. Le joueur applique de la glace à l’endroit douloureux. Cependant, certaines règles doivent être respectées lors de l’utilisation de cette bombe magique et du froid en général. Certains sportifs doivent se souvenir de la sensation particulière que le froid engendre sur une plaie, où de la petite brûlure suivi de l’apparition de cloques dues à une utilisation de la bombe de froid à une distance inférieure à celle préconisée pour les soins.

Pour finir, des sportifs appliquent toujours du froid sur les muscles après l’effort afin d’obtenir ce relâchement musculaire qui va favoriser la circulation sanguine, l’élimination des déchets métaboliques et améliorer la récupération. La cryothérapie a de beaux jours devant elle et ne se réserve donc plus au sport professionnel et fait partie intégrante du sport amateur

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