On s’attendait à un gros match de rugby avec des français déterminés, physiquement plus frais, prêts à réagir suite aux 3 défaites de l’été et des Néozélandais sûrs de leur système et invaincus cette saison. La confrontation n’a pas été d’un grand niveau technique, d’un côté comme de l’autre, même si l’engagement fut total. Les All Blacks ont manqué de vitesse dans leurs déplacements, ils ont commis des fautes et lâché trop vite le ballon au pied, dans les derniers mètres (Ma’a NONU). La conquête a été irrégulière mais la mêlée a mieux résisté que prévu. Le retard dans la redistribution défensive n’a pas profité aux Français.

Nous allons surtout analyser le jeu des « Bleus ». Il ne faut pas faire les mêmes erreurs que la saison dernière, les résultats de l’automne 2012 ont masqué des lacunes que nous avons payées lors du Tournoi des 6 Nations 2013.

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Un jeu au pied improductif

Sur ce premier match, ce qui afrappé, encore une fois, a été le nombre de ballons rendus trop facilement à l’adversaire notamment par un jeu au pied peu précis. Le jeu au pied de Rémi TALES a manqué de longueur pour nous sortir de nos 22m. Le jeu au pied de pression de Morgan PARRA a été trop long pour pouvoir exercer une pression dans la zone de récupération (lutte aérienne). Il en a été de même pour Brice DULIN qui a rendu le ballon aux « BLACKS », s’exposant à une contre attaque pleine de lucidité et de réalisme (essai à la 46ème minute).

Manque de communication en défense

Dès la première attaque des All Blacks, après une mêlée ordonnée, le 1er rideau défensif français s’est fait traverser entre le N°10 et le N°13 par NONU. Un manque de respect des principes défensifs ou de communication entre les 3 premiers défenseurs semblent en être la cause. En effet Morgan PARRA est en retard à l’intérieur du N°10 et Rémi TALES s’arrête sur lui, alors que Florian FRITZ défend sur le N°11 qui se présente entre les deux centres. La porte est ouverte pour le puissant N°12 « Blacks », Morgan PARRA, ayant décroché en 2ème rideau, il intervient avec Yohann HUGET. Sur la relance suivante, c’est FOFANA qui sort de la ligne, facilitant le jeu dans son dos. Une erreur individuelle qui aurait pu coûter cher sans le sauvetage de Maxime MEDARD. Le problème va s’intensifier en 2ème période sur les deux essais encaissés. Sur le premier (46’), le retard de Morgan PARRA, dans le replacement défensif, sur le 2ème rideau, ne lui a pas permis d’intervenir sur le jeu au pied à suivre de Ben SMITH. Sur le deuxième essai, la défense française est bien redistribuée mais, à égalité en nombre, les joueurs n’avancent pas, et s’exposent au jeu en duel dans la défense, entre Thierry DUSSAUTOIR et Morgan PARRA, du N°11 PIUTAU qui transmet ensuite au N°8 Kieran READ pour conclure (60’). A noter un retard du 2ème rideau, cette fois c’est Brice DULIN. Souvent les essais naissent des erreurs défensives collectives ou individuelles, il faut en faire prendre conscience pour  les corriger.

Une conquête irrégulière

Voici un des secteurs où je pensais que l’on pouvait prendre le dessus sur l’adversaire, il n’en fut rien. En mêlée fermée, on a été sanctionné, deux fois dans notre camp, ce qui nous coûte 3 points et la troisième fois, alors que l’on peut marquer pour égaliser, il y a un talonnage à la main. Ceci dénote un manque de maîtrise, comme l’ont soulignés les entraîneurs. En touche deux ballons ont été perdus en début de 2ème mi-temps à des moments importants : un à 5mètres de notre ligne d’en but et l’autre dans les 22m adverses. Je regrette surtout le manque de contres sur les lancers en touche All-Blacks, ils avaient été perturbés lors des matchs précédents dans ce secteur. Un manque de conteste a été évident sur les envois, pas de lutte aérienne, peu de pression après la prise. Sur nos récupérations d’envois nous avons eu du mal à nous donner de l’air.

Le jeu offensif manque d’adaptation et de réalisme

Le plus difficile au rugby est de créer le déséquilibre dans l’organisation défensive adverse. Quand on y arrive, encore faut-il savoir en profiter. A l’image du dernier tournoi 2013, les attaquants ont eu du mal à lire le jeu et à exploiter des surnombres évidents par manque de communication ou de prise d’information. Ainsi à la suite d’une récupération de Wesley FOFANA (5’30), il oublie Yohann HUGET, démarqué sur sa droite, il conserve mais ce n’était pas la priorité sur cette action. Le jeu rebondit, à la deuxième relance, Rémi TALES est en possession du ballon avec un 6 contre 3 à gérer, sur 35m de largeur, il choisit une autre option, dans l’axe. Autre exemple, en début de match (7’40), au moment où Rémi TALES reçoit le ballon, le rapport de force entre les deux rideaux est de 9 attaquants, avec une grande profondeur, pour 5 défenseurs. Malheureusement, les options de jeu pénétrant et de conservation ont été choisies. Plus on a avancé dans le match plus les gestes techniques ont été approximatifs. Ainsi, par manque de vitesse et de précision dans la réalisation technique, les surnombres ont été annihilés (61’).

Le capitaine du XV de France avait annoncé que pour gagner ce match il faudra être parfait et intelligent. Nous n’avons pas été parfaits et nous n’avons pas été réalistes dans la finition. Le déchet dans le jeu offensif est inquiétant, certes face aux ALL BLACKS, on a que deux ou trois occasions de « scorer », mais la saison dernière, lors du tournoi 2013, on en a raté beaucoup.

Il faut vite réagir, l’attaque est toujours en chantier.

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Le xv de France  a des points forts connus de tous comme la mêlée, la fraicheur physique, le pressing défensif, les récupérateurs en 3ème ligne. Tout ceci a été évident durant cette 4ème opposition avec les ALL BLACKS, on n’a pas suffisamment joué. La bonne surprise est  venue de la fraicheur mentale, de la force physique et de l’état d’esprit du groupe dans les dernières minutes pour aller chercher le match nul.

La puissance de la mêlée française

On connaissait les difficultés de la mêlée néozélandaise mais on n’a pas été surpris par ses roublardises. Notamment le pilier droit FRANKS a opté pour une posture très basse, les épaules en dessous du bassin. L’arbitre Monsieur PEYPER, n‘a pas  semblé connaître les finesses de ce secteur. FORESTIER en a bavé, mais il a montré sa supériorité à maintes reprises. Les dernières mêlées du match ont accentué la supériorité collective de la mêlée française. Pour qu’elle soit criarde et que le « Referee » en soit certain, il faudra plus de discipline.

Le défi physique en défense

Dès les premières minutes du match, on n’a eu aucun doute sur l’investissement individuel des joueurs français en défense. A l’image de la paire de centre des Bleus, FRITZ et FOFANA, le défi physique, si cher aux All Blacks, a été relevé. On les a « décaniller » en défense (Plaquer aux jambes). C’est souvent avec leur capacité à avancer debout que les « Néozedes » consomment beaucoup de défenseurs et ainsi libèrent des espaces pour marquer. Les français ne se sont pas consommés sur les rucks : un plaqueur, un gratteur. Les qualités de récupérateurs de nos 3ème lignes ont pu s’exprimer. La redistribution sur le premier rideau a été bonne, collectivement, peu de surnombre à gérer pour les All Blacks. Comme toujours il y a des erreurs individuelles qui pourront être vite corrigés, notamment en augmentant la communication des joueurs à l’intérieur et la redistribution des joueurs sur le 2ème et le 3ème rideaux.

Un jeu offensif parfois efficace

Le jeu offensif est souvent tributaire de la qualité des ballons en conquête. Il y en eut peu et pas toujours de bonnes qualités. Ceci étant, les attaquants ont été efficaces lorsqu’ils sont restés debout en agressant le 1er rideau défensif  des All Blacks. Les jeux de relais, en contact- passe ou passe-contact, ont fait réagir les supporters du Stade de France (19’56). Le staff français a voulu jouer dans la zone du 10adverse mais lorsqu’on a pu les déplacer, en jeu déployé, sur la largeur du terrain, les contournements se sont avérés plus efficaces dans l’avancée (20’15). Les jeux en duel ont été intéressants mais ont manqués de soutien proche après les franchissements (34’).

Le  sursaut du dernier quart d’heure

A la 65ème minute les français ont engagé, après avoir encaissé le deuxième essai des All Blacks, une magnifique réaction d’orgueil, les Bleus se sont jetés dans la bataille, ils ont récupéré le coup d’envoi, un dernier sursaut qui dénote l’état d’esprit du groupe. Certes il a fallu beaucoup de temps de jeu pour enfin trouver la porte de la terre promise (68’), c’est la preuve d’une fraicheur physique certaine. Il sera plus facile de canaliser les bonnes volontés que de mettre des «  coups d’aiguillon » pour les faire avancer. Le xv de France a essayé encore pour aller chercher le match nul, mais CHOULY a manqué de lucidité pour pointer le 2ème essai français (75’30).

Les All Blacks n’ont pas été flamboyant comme dans le Four Nation, ils ont été un peu en dedans physiquement, toutefois ils méritent leur victoire, pour leur réalisme : trois occasions et deux essais.

Pour les Français, une nouvelle défaite, au Stade de France, c’est un échec. Certes le Manager français a annoncé que cela va payer. Mais on doit bien reconnaître que certains secteurs n’ont pas progressé.
La conquête en touche n’est pas une bonne rampe de lancement, on ne dispute même pas les lancers adverses.
La mêlée doit être un combat collectif fort et non une succession de guéguerres individuelles.
On ne peut pas  se contenter de ce dernier quart d’heure tant la première mi-temps a été insipide, il va falloir plus de mouvement.
On perd trop de ballons dans le jeu courant, avec un jeu au pied trop approximatif.

Le jeu offensif est certainement le plus gros chantier. Il faut des gestionnaires du jeu, capables d’anticiper, de lire, de faire le bon choix.

Il faut peut être, lâcher la bride de ces systèmes de jeu contraignants, ennuyeux, inintelligents, qui font que l’on ne sait plus marquer des essais.

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