Cette belle victoire face à une équipe de l’hémisphère sud ne fera pas oublier la déconvenue de 2010 (59-16) mais elle fait du bien à la tête pour débuter une nouvelle saison internationale.

L’envie était bleue

Le rugby français craignait cette confrontation face aux Wallabies. Le «FOUR NATIONS 2012» étant présenté comme le meilleur championnat au monde et les australiens ayant terminé en 3ème position, le match pouvait apparaître comme très difficile. Et pourtant, même si le score ne reflète pas la différence entre les deux équipes, ce sont les joueurs les plus en confiance et les plus déterminés qui l’ont emporté.

Tout ne fût pas parfait, notamment la première mi-temps. Dominés dans l’occupation (70%) et dans la possession (66%) par les Australiens, le quinze de France était cantonné à défendre comme des acharnés pour garder leur en-but inviolé.

Le jeu au pied d’occupation ne permettait pas aux « Bleus » de sortir de cette pression. Les dégagements de Brice DULIN, Frédéric MICHALAK et Maxime MACHENAUD restaient dans l’aire de jeu s’exposant ainsi aux contre-attaques adverses.
L’organisation offensive fut difficile à cerner, d’abord par le manque de ballon dans le premier acte puis par la redistribution offensive trop stéréotypé. Il y avait des temps de jeu préétablis et trop lents qui ne permettaient pas de jouer des surnombres évidents (15’).
Collectivement je retiendrais les enchainements en jeu de relais et contact passe (62’30’’). Les différences se sont faites souvent sur les qualités individuelles des joueurs comme Louis PICAMOLES qui a beaucoup avancé,  ou la chevauché de Yannick NYANGA   perforant le 1er rideau australien, ou encore la contre-attaque de Frédéric MICHALAK réalisant le geste parfait pour servir Wesley FOFANA (53’30’’).

Le jeu au pied de pression et les luttes aériennes furent plus efficaces (3’50’’- 3 à 0). Puis la mêlée fut sans aucun doute la phase de jeu qui a fait le plus de mal aux Wallabies, avec deux essais au compteur, mais il ne faut pas trop si attarder tant la faiblesse collective des australiens paraissait évidente. La deuxième mi-temps fut plus équilibrée dans la possession et dans l’occupation.
Le gros point de satisfaction fut  certainement la défense  individuelle et collective, face à un rugby de défit dans les zones au près, un jeu en duel dans la défense, au large. Il fallait plaquer, gratter, se relever, se replacer. Les « Bleus » ont réalisé une grosse performance dans ce secteur au point de perturber complètement son adversaire. C’est cela aussi le rugby.

Des Wallabies sans âme

Côté australien on a retrouvé les errances du tournoi de l’hémisphère sud face au ALL-BLACKS (22-0)ou aux SPRINGBOKS(31-8), se créant nombre d’occasion pour en conclure une seule. La mêlée a eu de grosses difficultés… ce n’est pas nouveau! Il suffit d’aller voir des entraînements là-bas pour comprendre. Ils feraient tout pour que la mêlée disparaisse, tout est à revoir de la posture de départ aux liaisons, de l’impact à la poussée.
La redistribution défensive fut parfois hasardeuse, notamment proche des rucks, sans couverture axiale ouvrant des brèches aux  joueurs français. Les erreurs individuelles au placage montraient une équipe sans âme loin de son meilleur niveau.
Les Wallabies allaient se « souler » de jeu en 1ère mi-temps, « gavés de ballon », ils pratiquaient un jeu sans génie, très loin des exigences de certains entraîneurs français sur l’intelligence situationnelle. Une ligne de trois quart, en profondeur excessive, venait en fait défier au centre de la ligne adverse. Les Avants jouaient surtout un jeu de démolition en « pic and go », proche de l’en-but adverse et dans des zones au près, de plus en plus faciles à défendre pour les tricolores.

Le jeu des australiens illustrerait bien le débat sur le jeu programmé ou le jeu adaptatif. Comme souvent, les deux demis ont une grande part de responsabilité dans la gestion d’un match, et là justement ils n’ont pas été très bons. Le demi de mêlée Nicholas PHIPPS, très lent et changeant souvent de sens avec ses petits pas de côté, a mal dirigé la manœuvre. Le demi d’ouverture, Kurtley BEALE, a lui raté son match. En exemple, des surnombres non exploités où il choisissait de rentrer dans la défense (66’) et un jeu au pied offrant la contre-attaque qui amène l’essai de FOFANA avec un placage manqué sur MICHALAK. Les entrées de Stephen MOORE et de Berrick BARNES ont amenés plus de fraicheur et de qualité dans le jeu en duel mais c’était trop tard.

Bien sur le match contre l’ARGENTINE sera différent, il faudra autant d’enthousiasme et de détermination avec plus de qualité offensive car les PUMAS produisent moins de jeu, ils nous ont souvent contrés et beaucoup d’entre eux connaissent bien le rugby français

SL