Quelle belle première mi-temps de rugby nous avons vécu !

Le rugby est un sport d’opposition où le plus souvent les défenses prennent le pas sur les attaques, où le combat au sol est plus déterminant que le jeu d’évitement, ce ne fût pas le cas sur les 40 premières minutes de ce match. Les deux équipes avaient la volonté de déplacer le jeu, de varier les formes pour une plus grande vitesse d’exécution mais aussi pour un plus grand réalisme (4 essais).Certains ont mis en avant les temps de jeu effectif mais je pense qu’il n’y avait  rien d’exceptionnel, 18’32’’en première mi-temps et 18’06’’en deuxième. La différence était dans les intentions et dans la qualité technique du jeu produit durant le premier acte. La deuxième mi-temps était plus brouillonne, hachée avec plus de phases statiques, avec des fautes et des erreurs techniques qui laissèrent la part aux botteurs.

Le jeu au pied reste faible

Les joueurs français ont réalisé une mi-temps pleine. On s’attendait à une opposition plus difficile dans les phases de conquête, ce fût le cas en mêlée où le combat individuel nuisait à la qualité des affrontements collectifs. Certes il y a eu une seule mêlée en première mi-temps, mais sur l’ensemble du match nous avons manqué de maîtrise dans ce secteur.
Le deuxième point négatif a été  la qualité du jeu au pied,  notamment avec Maxime MACHENAUD qui a manqué de précision sur son jeu au pied de pression. Le jeu au pied d’occupation ne trouvait pas les touches et rendait trop de ballon à l’adversaire.
En défense, les bleus, infranchissables face à l’AUSTRALIE, ont encaissé un essai argentin après un ballon de récupération sur un jeu au pied sans pression de l’adversaire. L’accumulation d’erreurs individuelles et la montée défensive étaient en cause. L’ouvreur argentin Nicolas SANCHEZ prenait l’intérieur de Maxime MERMOZ alors que les français étaient à 3 contre 3. Louis PICAMOLES assurait le placage mais MAS et NYANGA était en retard à l’intérieur. Maxime MACHENAUD, en deuxième rideau, venait s’éliminer sur le joueur plaqué par PICAMOLES. Brice DULLIN était seul face à deux argentins et Wesley FOFANA était absent.
Une entame de match difficile que les joueurs français devront analyser car ce n’est pas la première fois, 13 à 03 après 12 minutes de jeu cela aurait pu coûter cher.

Un match tourné vers l’offensive

Mais les Bleus ont su réagir, de belle manière. La conquête en touche était très efficace, notamment avec Flugence OUEDRAOGO  Avec le premier bloc de contre. En privant les argentins de ballon et avec une volonté de jouer tous les coups, les bleus allaient revenir dans le match et prenaient les argentins à leur propre jeu : la contre-attaque.
Le jeu offensif proposé par les bleus avec un ballon qui se déplaçait sur toute la largeur du terrain, avec des joueurs en mouvement et des soutiens permanents au porteur de balle mettaient les Pumas en difficulté.

Oui le jeu debout c’est possible !

Un coup franc rapidement joué par Brice DULIN allait permettre aux bleus de remonter le ballon sur 80 m avec de l’alternance, jeu d’avants et jeu de trois quarts, des libérations très rapides sur les regroupements pour aboutir au premier essai de Vincent CLERC.
Les contre-attaques françaises étaient de plus en plus efficaces et le jeu au pied d’occupation maintenaient les bleus dans le camp des PUMAS. Ainsi le deuxième essai de Vincent CLERC naissait d’une récupération au sol de Louis PICAMOLES suivie d’une bonne inspiration de Florian FRITZ qui poursuivait l’avancée par un jeu au pied rasant.
Le ballon remontait dans les bras de Vincent CLERC qui marque son deuxième essai avec plus aucun adversaire dans les trente derniers mètres. Comme très souvent la chance sourit à ceux qui la provoquent. Il faut tenter pour réussir. Le troisième essai des bleus confirmait la passivité des PUMAS avec trois placages manqués sur NYANGA qui s’est bien envoyé sur le coup.

Et les PUMAS alors !

Côté argentin, l’addition était un peu lourde mais elle correspondait à un nombre d’erreurs individuelles trop important à ce niveau dont les français ont su tirer profit.
La conquête en touche était catastrophique, sans ballon il était difficile de perturber la défense française pas toujours sereine (5’). La redistribution en défense fût le plus gros problème des argentins, notamment après les ballons perdus sur jeu au pied. Les placages étaient manqués dans des zones au près (essai de NYANGA) et les couvertures sur le deuxième et le troisième rideau n’étaient pas assurées.
La gestion du jeu par les deux demis, avec trop de ballons perdus, ne mettait pas les français sous pression comme on pouvait si attendre. Le jeu offensif fût intéressant, à l’image du premier essai du match. La relance de jeu des PUMAS traversait la ligne défensive française avec plusieurs soutiens offensifs permettant la continuité du jeu pour envoyer BOSCH entre les poteaux. Les remontées de balle depuis leurs 22 m, en deuxième période, leur permettaient de venir dans le camp des bleus pour recoller au score (30 à 22).

L’équipe de France a gagné ce match par sa vitesse d’exécution et sa volonté de produire du jeu sur les ballons de récupération. Le prochain match face aux SAMOAS sera différent. Il faudra relever le défi de l’engagement physique, tout en sachant qu’il faudra déplacer ces joueurs du pacifique… ce qui n’aiment pas !

SL