Serge LAÏRLE

Interview de Serge LAÏRLE

Serge LAÏRLE, ancien entraîneur de la sélection Roumaine 2010-2011

 

Que pensez-vous de la prestation du XV de France face à l’Italie ?

Le résultat est là et c’est le plus important pour se libérer durant les deux autres matchs avant la finale de la poule contre les Irlandais.
Si le XV de France a semblé en demi-teinte, c’est une équipe solide sur ses bases, conquête et défense. Mais elle a du mal à concrétiser ses temps forts.
La conquête est un point fort des Bleus. En ce qui concerne la Touche, je pense que nous avons un bon alignement, certes il peut y avoir des imprécisions du lanceur, mais c’est un secteur qui reste positif. La mêlée est plus aléatoire, les interprétations de Monsieur JOUBERT nous ont favorisées dans ce domaine. Ben Arous a des problèmes de liaisons et Slimani a des poussées pas toujours axiales.

Quels sont les points forts de notre équipe ?

C’est une équipe de haut niveau, capables de défier n’importe quelle équipe de ce tournoi. Une bonne conquête devrait nous permettre de monopoliser le ballon, une bonne défense d’en récupérer pour jouer les contre à fond, surtout face à la Roumanie.

Et quels sont nos points faibles alors ?

C’est surtout notre capacité à conserver les ballons, à mettre la défense adverse sous pression, avec un jeu de mouvement rapide, intelligent et efficace. Notre plus gros souci reste notre jeu offensif.
Pour la suite, il ne devrait pas y avoir de danger contre la roumanie et encore moins face au Canada mais c’est peut-être là le gros danger. Le staff des Bleus va faire tourner pour garder de la fraicheur mais peut être au détriment de notre jeu collectif qui devra être très performant face aux joueurs au Trèfle.

Sommes-nous déjà en quart de finale de cette Coupe du Monde ?

Oui, mais il ne faut rien lâcher, la construction de cette équipe n’est pas terminée. Quel que soit l’adversaire de ce quart, il faudra en faire beaucoup plus que ce match face à l’Italie.

Que faut-il faire pour améliorer notre niveau ?

Nous devons jouer ensemble et pas les uns après les autres. Lorsqu’un ailier franchit le premier rideau défensif en bout de ligne il faut plus qu’un talonneur, à l’intérieur, pour finir l’action à 40 mètres de la ligne, il manque du monde, il manque des pattes.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette équipe?

C’est un groupe que je connais bien, nous l’avons encadré pendant une saison avec Olivier NIER de 2008 à 2010, où nous avons participé à la qualification de la Roumanie à la coupe du Monde 2011 en Nouvelle Zélande. Aujourd’hui, 19 joueurs sur les 23 qui vont rencontrer le XV de France, ont été vainqueurs du tournoi des 6 Nations B en 2010 avec nous.

Que peut-on dire de ce groupe qui compose l’équipe de Roumanie ?

Les joueurs évoluent, depuis plusieurs années, ensembles en sélection. C’est un groupe expérimenté, certains joueurs connaissent les joutes françaises en TOP 14 ou en PROD2.
Nous en avons entraîné quelques-uns en France. Valentin URSACHE et LAZAR Mihai nous avaient rejoints à Aix en Provence en 2011 avant de répondre aux sirènes des agents du TOP 14. Olivier NIER avait récupéré Mihai MACOVEI à Massy la saison dernière 2014-2015.
C’est une équipe solide sur les fondamentaux, la conquête et le jeu au pied. Ils sont solidaires et volontaires dans le défi physique. Cependant leur vitesse de redistribution en défense et la capacité à résister à un jeu de mouvement permanent sans se mettre à la faute semblent leur point faible.

Ont-ils une chance de battre les français ?

Bien sûr, mais ce sont les Bleus qui détiennent la vérité de ce match. S’ils arrivent à les déplacer, il n’y aura pas photo. Par contre, il devront se concentrer sur le Canada pour ne pas finir dernier de leur poule et ainsi entrer dans les 15 meilleures nations mondiales.

Que faut-il faire pour améliorer leur niveau ?

Ils doivent permettre à leurs joueurs de s’expatrier. Ils doivent se rapprocher du rugby français, de ses clubs et de ses techniciens. Ils ont un esprit latin qui doit s’exprimer dans un jeu de mouvement et non dans un rugby rigoriste. Le président Hari DUMITRAS qui vit en France, le sait bien.